VOA à 6 : 30

• Les réactions au nouveau calendrier électoral proposé par la Commission Electorale Indépendante n’ont pas tardé. La Conférence Episcopale Nationale du Congo de l’Eglise catholique et l’opposition contestent cette nouvelle échéance qui fixe la présidentielle et les législatives au-delà de la date butoir du 30 juin 2006, délai prévu pour la fin de la transition commencée en 2003. Quels sont les enjeux et la signification de ce nouveau calendrier ? Le point avec Ferdinand Ferrela, notre envoyé spécial en RDC et au Burundi :

« Premier constat, une fois de plus, les élections ne se tiendront pas avant le 30 juin date fixée pour la fin de la transition. Donc, on s’aperçoit maintenant que la transition va aller au-delà du 30 juin. Et lorsque l’on parle du 30 juillet, c’est simplement pour le 1er tour des élections présidentielles et législatives. Il faudra encore attendre le 2ème tour de l’élection présidentielle. Cela risque de prendre plusieurs semaines. Un pays grand comme le Congo, qui est grand comme toute l’Europe de l’Ouest, qui n’a aucune infrastructure que ça soient les routes ou les communications téléphoniques, cela va prendre des semaines avant de savoir exactement qui est arrivé premier ou deuxième avant de passer au deuxième tour sur une trentaine de candidats. Donc, cela veut dire que le 2ème tour risque d’avoir lieu au mois de septembre ou octobre »

VOA
Avant-hier l’Eglise catholique a dénoncé ce qu’elle a appelé la décision unilatérale de la CEI et elle a en même temps conseillé la tenue des négociations pour permettre aux congolais de s’entendre sur une nouvelle date des élections qui soit acceptable pour tout le monde. Vous comprenez bien qu’elle fait allusion à l’UDPS. qui est hors de ce processus électoral?
Ferdinand Ferrela
Oui parce qu’en fait ce que dit l’Eglise c’est ceci. L’UDPS demandait qu’on rouvre les bureaux d’enregistrement des électeurs puisqu’elle n’avait pas pu enregistrer tous ses électeurs en raison de l’appel au boycott que le parti d’Etienne Tshisekedi avait lancé.
Mais quelles que soient les raisons, le motif qui avait été invoqué par la Commission Electorale Indépendante pour ne pas rouvrir ces bureaux, était d’éviter le report de la date des élections. Mais aujourd’hui on s’apreçoit que la date des élections est prolongée même sans la réouverture des bureaux des élections. Donc, on se demande pourquoi est-ce qu’on prolonge ces élections pour diverses raisons et pourquoi pas ne pas les prolonger pour permettre à tous les partis de se faire enregistrer ?
Il faut vous dire que je viens de traverser tout le Congo pratiquement et l’opinion générale même parmi les électeurs non membres de l’UDPS pense qu’une élection sans le principal parti d’opposition risque d’aboutir à un gouvernement qui ne sera pas considéré comme véritablememt légitime. Il faut savoir que l’UDPS lutte depuis 25 ans contre la dictature. Elle a commencé sa lutte contre la dictature de Mobutu, ensuite contre celle de Laurent Désiré Kabila, elle s’est toujours opposée contre tous les seigneurs de guerre qui ont pris les armes pour arriver au pouvoir, d’autant plus que les gens, qui sont aujourd’hui au pouvoir à Kinshasa, sont tous arrivés ou presque par les armes.
Donc, les gens ne comprennent pas pourquoi cette élection va se tenir sans le principal parti, qui était un peu le garant de la lutte politique pacifique. D’autre part, il faut souligner qu’il y a une grande méfiance vis-à-vis de la communauté internationale. On a l’impression à tort ou à raison que la communauté internationale essaies de précipiter la tenue des élections sans que toutes les conditions soient réunies. Cela risque de donner lieu à un retour de baton après les élections contre la communauté internationale, contre la Monuc et contre tous ceux qui auront fait de sorte que ces élections se tiennent dans des conditions non idéales.