RDCongo: l'ouest du pays secoué par des violences, au moins 58 morts au Bas-Congo


Carte de la République Démocratique du Congo
© AFP/Infographie
KINSHASA (AFP) - jeudi 01 février 2007 - 21h59 - Au moins 58 personnes ont été tuées depuis mercredi soir au cours de violences entre police et opposants d'un mouvement politico-religieux au Bas-Congo, dans l'ouest de la République démocratique du Congo (RDC), a-t-on appris jeudi de sources locales et diplomatiques.
Les violences, qui ont débuté mercredi soir à Matadi, capitale du Bas-Congo, se sont propagées jeudi matin à Boma et Muanda, villes portuaires situées respectivement à 50 et 100 km plus au sud.

"Il y a eu 26 morts à Boma et plus d'une vingtaine à Muanda", où l'armée a été déployée et "a tiré dans la foule", selon une source diplomatique ayant requis l'anonymat.

Selon une source de la Mission de l'ONU en RDC (Monuc), qui a évoqué le même bilan, "quelques personnes" auraient aussi été tués dans d'autres petites localités de la province.

Mercredi soir, au moins 12 personnes avaient été tuées à Matadi, premier port de RDC, au cours d'affrontements entre policiers et militants du mouvement chrétien Bundu dia Kongo (BDK), selon le maire de la ville, Jean-Marc Nzeyidio Lukombo.

Plus tôt dans la journée, une source au sein de la Monuc avait indiqué à l'AFP que les militaires envoyés en renfort depuis la base de Kitona (près de Muanda) avaient "tiré sur les foules de manifestants".

"Il y avait des membres de BDK, mais aussi la population, qui les soutient largement (...) à Muanda, mais aussi à Boma", selon cette source.

Joint par l'AFP à Matadi en fin d'après-midi, le ministre de l'Intérieur, le général Denis Kalume Numbi, a affirmé que le calme était revenu dans la province, où il a annoncé le déploiement de "l'armée pour appuyer les efforts de la police".

Il a fait état de "la mort de sept policiers dont un a été décapité à Boma", indiquant n'avoir "pas encore un bilan complet côté civils".

Les violences ont débuté mercredi soir à Matadi, au cours d'une opération de police visant à perquisitionner un bâtiment ayant servi de résidence au chef spirituel de BDK, Ne Muanda Nsemi, qui se trouve actuellement à Kinshasa.

Les militants de BDK, que la police suspectait de détenir des armes, ont opposé une farouche résistance à cette opération, a affirmé le maire de Matadi, Jean-Marc Nzeyidio Lukombo.

Ces violences interviennent dans un climat politique extrêmement tendu, sur fond de contestation de l'élection du gouverneur de la province du Bas-Congo. Le scrutin a été remporté samedi par un candidat de la coalition du président Joseph Kabila, dans une province où l'opposition est majoritaire.

Le chef spirituel de BDK, également colistier du candidat malheureux du Mouvement de libération du Congo (MLC, opposition), a violemment dénoncé dimanche depuis Kinshasa "la corruption" des députés provinciaux, grands électeurs de ce scrutin, exigé leur démission et appelé à des journées "ville morte" dans la province.

"Nous demandons à la population du Bas-Congo de faire confiance au processus électoral en cours, aux institutions issues des urnes. Elle doit respecter la loi si elle a des revendications à faire", a affirmé le ministre de l'Intérieur.

"Nous nous sommes concertés (...) avec les responsables locaux de Bundu dia Kongo (...) pour que pareille situation ne puisse plus se répéter", a-t-il ajouté.

Bundu dia Kongo, un mouvement réputé à Matadi pour son hostilité aux "non-originaires" de la province du Bas-Congo, compterait des milliers d'adeptes, principalement au Bas-Congo, mais aussi à Kinshasa.

La RDC sort d'une difficile transition politique, entamée en 2003 après une guerre régionale de près de cinq ans et sanctionnée par des élections générales en 2006 et début 2007. La coalition politique du président Kabila domine toutes les institutions issues de ces élections.
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Samy Musampa Batena Babo
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