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10 avril 2007

Assez de " déclarations coups d’épée dans l’eau… "

La bonne gouvernance, telle est la chanson au top du hit parade de relations communauté internationale-gouvernement congolais. Ces dernières semaines, les bailleurs de fonds internationaux en ce jour à Kinshasa ont promis de participer à la relance de la situation socio-économique désastreuse de la RDC à la seule condition que les gouvernants fassent preuve de bonne gouvernance. Par bonne gouvernance, les partenaires extérieurs entendent une gestion saine et transparente de deniers publics, une lutte tous azimuts contre la corruption, une profonde observation des droits de l’homme…

A propos du respect des droits de l’homme, la communauté internationale doit déchanter désormais. En l’espace de deux mois, plus de 700 congolais ont perdu la vie, sans compter d’innombrables blessés et disparus, suite au massacre des adeptes de Bundu dia Kongo et au démantèlement à l’arme lourde de la garde rapprochée de l’ancien vice- président Bemba.

A la suite de ces derniers événements, l’union européenne a réagi dans une déclaration commune faite par l’ambassadeur allemand accrédité en RDC Karl Albrecht Wokalek en présence de ses homologues diplomates de l’UE. Celle-ci a condamné purement et simplement ce coup de force militaire irréfléchi visant à décapiter l’opposition, et ainsi à l’empêcher de jouer pleinement son rôle constitutionnel. L’UE exige aux autorités de Kinshasa de garantir la libre expression de toutes les opinions politiques, d’appeler les forces de l’ordre à la retenue et à la discipline.

Quel crédit faudrait-il accorder à ces déclarations quand on sait qu’au nom de la garantie de leurs intérêts économiques, les pays membres de l’EU ou encore les Etats-Unis ferment les yeux aux violations avérées des droits de l’homme perpétrées par leurs protégés, laissant ainsi la dictature s’enraciner ?

Ces déclarations rituelles « coup d’épée dans l’eau », nous en avons l’habitude. Pendant le règne du maréchal Mobutu, la communauté internationale s’est souvent distinguée par ces déclarations théoriques laissant pourrir la situation avant de passer aux actions concrètes. La Belgique a rompu sa coopération avec le Zaïre de Mobutu après que des étudiants aient été massacrés au campus de Lubumbashi à la suite de l’opération « Lititi mboka » de triste mémoire. Fallait-il en arriver là pour rompre la coopération avec le régime du feu maréchal Mobutu ?

Aujourd’hui, on assiste à une querelle interne sur la scène politique Belge à la suite des événements du 22 et 23 mars derniers. Les divergences de points de vue des autorités politiques Belges à ce sujet dénotent d’un manque d’unanimité autour de la compréhension de termes de la bonne gouvernance. Pendant que la maison RDC prend de l’eau de tout côté et vacille, les belges transposent leurs querelles intestines entre Flamands et Wallons sur la scène politique congolaise, incapable d’arrêter une position commune face aux dérapages de Kabila et sa bande. Qui de Louis Michel, d’Armand de Decker, d’André Flahaut ou encore de Karel de Gucht devraient parler au nom du gouvernement Belge ? Entre Temps, les députés du CD&V parti politique d’opposition s’indignent à propos de la confusion des rôles et de l’ambiguïté des déclarations officielles de la Belgique à l’égard du régime antidémocratique de Kabila.

Au sud les politiques Wallons à l’instar de Louis Michel, Armand de Decker, André Flahaut…proches du recalé au titre honorifique du « docteur honoris causa » cautionnent implicitement la politique antidémocratique de celui-ci. Pour sa part Louis Michel plaide en faveur de l’octroi de l’aide financière au gouvernement Gizenga au mépris des conditions de bonne gouvernance exigées en contre partie. Quelle hypocrisie, que de conditionner les interventions financières par la bonne gouvernance et en même temps pactiser avec un régime, qui affiche clairement ses velléités d’un règne sans partage, ni contrôle ? N’est-ce pas souffler le chaud et le froid à la fois ?

Au nord, les flamands Karel de Gucht et bien d’autres, sceptiques, se sont prononcés pour une gestion surveillée du Congo. Ce scepticisme affiché, est-ce simplement une façon de se démarquer de la vision de certains politiques wallons, au nom de l’antagonisme Flamand-Wallon ou encore une manière d’attirer l’attention de la communauté internationale sur le fait qu’un certain laxisme vis-à-vis du régime Kabila, risque de faire le lit de la dictature, de restreindre l’opposition à la figuration, et donc de torpiller le processus démocratique déjà très vulnérable. Cette prise de position flamande, n’est-ce pas un appel en direction de bailleurs de fonds internationaux, à éviter d’agir en ordre dispersé mais d’arrêter une position commune contraignante en conformité avec l’esprit de termes de la bonne gouvernance.

Qu’il s’agisse des déclarations flamandes ou wallonnes, un fait est évident qu’en politique, ce sont les intérêts qui passent avant tout. Le positionnement des uns et des autres n’est pas innocent. Les flamands comme les wallons cherchent à décrocher les sympathies du régime Kabila au profit de leurs intérêts économiques respectives. Là où c’est offusquant, c’est de constater malheureusement que la prise de position de certains politiques wallons privilégie la langue de bois, la diabolisation, la partialité… au nom des amitiés personnelles ou des affaires juteuses avec le régime Kabila, au détriment des intérêts du peuple congolais. Les flamands, à travers leur scepticisme paraissent plus réalistes. Tout en cherchant à conserver de bonne relation avec Kinshasa, ils ne font pas la politique de la langue de bois quand il s’agit de dire la vérité à ce partenaire à la conduite excentrique.

Dans cette lutte interne que les flamands et wallons se livrent, si jamais les deux camps n’arrêtent pas une position unanime face au régime Kabila, si les politiques Belges continuent de multiplier des déclarations « coups d’épée dans l’eau », au nom de leurs intérêts, la bonne gouvernance exigée en échange de l’assistance internationale retentira aux oreilles du peuples congolais comme un hymne creux aux mélodies assourdissantes.

Le peuple congolais en a assez des déclarations « coups d’épée dans l’eau ». Il attend juger les uns et les autres (Belges : Flamands & Wallons, français, Allemands, Hollandais, Anglais… membres de l’UE) par rapport à leurs actions concrètes contre une dictature en pleine ascension. Oui, aux actions au profit des intérêts du peuple congolais et de la démocratie, non aux déclarations rituelles de bonnes intentions.

Blaise B. MANTOTO
Courriel :
bula_mantoto@yahoo.fr 

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