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UDPS LIEGE
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7 mai 2007

Gizenga, éjectable ?

Troisième homme crédité de 13 % des voix à l’issue du premier tour du scrutin présidentiel , Monsieur Gizenga devait s’imposer comme l’arbitre du duel Joseph kabila et Jean Pierre Bemba au deuxième tour de cette élection, qualifiée à tort de transparente et démocratique par les parrains occidentaux du petit Joseph.

 

Pressenti formateur du gouvernement congolais grâce au report de voix de ses électeurs en faveur de Joseph kabila, Gizenga s’est imposé face aux Kabilistes lorgnant avidement ce poste tant convoité. Il est évident que Monsieur Gizenga n’était pourtant pas incontournable en dépit du jeu politique de coalisation. Il a été constaté par la suite que son électorat n’avait pas suivi massivement sa consigne de vote en faveur de Kabila. Et, donc les kabilistes détenaient des arguments pour d’entrer de jeu le mettre hors jeu. Mais seulement, la promesse a été faite au parti Lumumbistes (Palu), de lui réserver la primature dans les accords entre les deux parties, à savoir l’Amp et le Palu.

 

Nommé informateur dans le but de trouver une majorité nécessaire à la formation du gouvernement, Monsieur Gizenga n’a pas rassuré beaucoup de kabilistes, en dépit de son légendaire parcours politique. On a vu par la suite que Kabila a mis longtemps à lui confier la formation de l’équipe gouvernementale, en qualité de premier ministre. Il fallait, à tout prix, éviter, d’entrer de jeu, de provoquer une crise politique susceptible de susciter le désespoir dans le chef des congolais très en attente des progrès sociaux au lendemain des élections présidentielles.

 

 De ce fait, il fallait laisser Gizenga travailler et le court-circuiter le moment venu. C’est dire que Kabila a préféré à ce stade du jeu politique jouer la stratégie de donner du temps au temps. Surtout que sa préoccupation majeure était la neutralisation de Bemba. Gizenga passif dans sa personnalité, il fallait exploiter cette faiblesse pour pouvoir l’anéantir mais à petit feu. Pour ce faire, il ne restait plus qu’à le mettre face à de situations complexes pour mieux le piéger, tester sa capacité de gérer des dossiers difficiles et le moment venu provoquer son éjection avec arguments à l’appui. 

 

Le premier piège à lui être tendu a été le massacre des adeptes de Bundu dia kongo commandité par son actuel ministre de l’intérieur Denis Kalume. On s’attendait que monsieur Gizenga entrant en fonction prenne officiellement position face à ce carnage dont le bilan a été sous estimé par son ministre de l’intérieur. Il a choisi de garder silence et de se montrer passif. En outre, se réclamant intègre et intraitable sur la question de la moralité, comment pouvait-il reconduire dans son gouvernement un ministre de l’intérieur dont l’implication dans le massacre des adeptes de Bundu dia kongo ne fait l’ombre d’aucun doute ? Sinon comment expliquer que la police sous son contrôle ait recouru à de moyens disproportionnés pour juste maîtriser des manifestants munis d’armes blanches ? Peut-on vraiment penser que ces policiers ont agi de leur propre chef sans recevoir des ordres venant d’en haut ? Les zaïrois se rappelleront que Etienne Tshisekedi avait suspendu, en son temps, officiellement monsieur Honoré Ngbanda Terminator, ce redoutable ministre de la défense de Mobutu. Son courage politique dans la prise d’une telle décision avait suffi à rassurer le peuple, lui montrer en même temps sa détermination non seulement à mettre fin au culte du favoritisme mais aussi à ne pas se laisser sous l’emprise d’un dictateur.

 

Il est un fait que monsieur Gizenga en sa qualité de chef de gouvernement devait saisir l’opportunité de ce carnage pour rebondir après sa mise en veilleuse politique et dans la foulée montrer qu’il avait du tempérament. En choisissant de garder silence et de se  montrer consentant, il a confirmé sa passivité, et implicitement son inféodation au jeune dictateur congolais. Il a, donc, été pris dans le piège de Kabilistes.

 

Le deuxième piège a été l’occupation du territoire de Kahemba par l’armée angolaise. Et là aussi silence radio. La divergence de points de vue, entre son ministre de l’intérieur déclarant que ce territoire revenait à l’Angola et son collègue de la défense défendant la thèse contraire, a été très flagrante. Comment comprendre une telle divergence au sein d’un même gouvernement, sinon en déduire une certaine incohérence ? Cette incohérence montre à suffisance que certains ministre notamment celui de l’intérieur reçoit ses ordres directement de Joseph Kabila dont la dépendance vis-à-vis du président angolais n’est plus un secret pour personne. En optant d’entretenir le flou par sa passivité au moment où il devait s’atteler à aplanir cette divergence par une déclaration officielle du gouvernement signée de ses propres mains, Monsieur Gizenga a montré qu’il ployait sous le diktat de Joseph Kabila. Il a encore été pris au piège et sa personnalité y a laissé quelques plumes.

 

Le troisième piège tendu à Monsieur Gizenga a été les événements sanglants du 22 et 23 mars ayant opposé l’armée de Kabila appuyée par les soldats angolais à la garde rapprochée de Jean Pierre Bemba avec des effets collatéraux que l’on sait (plus de 500 morts, arrestations arbitraires, traques des opposants, dégâts matériels …). Au vu de sa maturité politique, Monsieur Gizenga pouvait bien peser de tout son poids pour amener son chef d’état à privilégier le dialogue sachant que les bailleurs de fonds internationaux attendaient de son gouvernement des preuves de bonne gouvernance en matière entre autre de respect des droits de l’homme. La suite de ces événements dénote que « Yandi Ve » s’est aligné sur les méthodes irrationnelles de son chef. Et pourtant, il devrait montrer qu’il méritait ce surnom de « Yandi Ve » Il apparaît clairement que le premier ministre congolais est sous l’emprise de Kabila, détenteur des armes. "Comme à celui qui détient les armes, on ne peut demander l’âge, disait Koffi Olomide ", « Yandi Ve » a choisi de se rétracter dans sa passivité cautionnant implicitement le fait que l’armée est un domaine réservé au chef de l’Etat, cet enfant soldat en âme. Quand on se rappelle de « Kadogo » à la gâchette facile du temps de Mzee Kabila, il y a lieu de constater que « Yandi Ve » a mordu la hameçon.

 

La passivité et l’ asservissement à Joseph Kabila emmènent les congolais à se rendre compte que l’espoir placé en Monsieur Gizenga, cet homme au passé politique honorable, est entrain de s’envoler voire de disparaître. Les congolais s’inquiètent de la renaissance d’un système politique tout puissant caractérisé par l’affaiblissement du premier-ministre, la main mise sur l’assemblée nationale, la justice, l’armée et les entreprises publiques comme au temps du slogan « tata bo ? moko, mama bo ? moko… ». Monsieur Gizenga pris dans le piège des Kabilistes inquiètent les bailleurs de fonds internationaux sur sa capacité non seulement à faire respecter les droits humains, vu sa passivité, son ralliement aux méthodes irrationnelles de Kabila mais aussi sur le fait que l’armée échappe cruellement à son contrôle. Ce n’est pas le fait de suspendre et de relever de leurs fonctions les membres des comités de gestion de la Régideso et de la Snel qui pourrait donner l’impression que « Yandi Ve » s’est affranchi de son chef d’Etat. Pour commencer à croire à l’affranchissement de monsieur Gizenga, nous attendons que de grosses têtes tombent : celle du ministre de l’intérieur Denis kalume responsable du massacre au Kongo central et vendeur du territoire de kahemba à l’Angola de connivence avec Joseph Kabila ou encore celles de politiques et mandataires publics impliqués dans le pillage systématique des ressources minières, forestières…du Congo sans oublier l’arrestation du général Laurent Kunda..

 

« Yandi Ve » pour s’être montré «  invertébré » dans le « testing » de ses capacités à faire face à l ‘irrationalité de Joseph kabila et sa bande, maintenant que ces derniers le maîtrisent, ses jours à la primature sont à compter. Kabila dans sa tentative de réincarnation à l’image de l’ « aigle de Kawele » pourrait l’éjecter en s’appuyant sur sa passivité et nommerait à sa place un des ténors de l’actuelle opposition politique institutionnelle, surtout que celle-ci agit désormais en ordre dispersé depuis sa décapitation. De cette manière à l’instar de l’ «  aigle de Kawele », il resterait au dessus de tout, apaiserait « Yandi Ve » avec un poste de conseiller spécial auprès président, rallierait une bonne partie des opposants-UN à la majorité présidentielle, contrôlerait totalement l’assemblée nationale et apprêterait sa puissance de feu contre les récalcitrants. 

 

Comme quoi l’éjection de Monsieur Gizenga demeure une hypothèse plausible.

 

Blaise B. MANTOTO

Courriel : bula_mantoto@yahoo.fr

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Commentaires
N
Even a single flower, in the depth of winter, is a miracle and a symbol of hope.
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