30 juin 1960 – 30 juin 2007 : « Que des générations sacrifiées… »
30 juin 1960 – 30 juin 2007 : « Que des générations sacrifiées… »
Ca fait déjà 47 ans depuis l’accession de la RDC à l’indépendance. Si
les premières ères de cette indépendance ont été marquées par un
engouement populaire suscité par un sentiment de libération du joug
colonial, ces dernières années, cette célébration a perdu toute
adhésion populaire. L’autodétermination, la prospérité tant rêvées se
sont muées en une stagnation tous azimuts.
Après 47 ans, la RDC fait du surplace voire dégringole telle une
météorite en désagrégation. Sur le plan politique, économique, social,
c’est quasi le chaos. Du point de vue de la bonne gouvernance, de la
sécurité, de la surveillance de l’intégrité territoriale, de la gestion
de ressources naturelles, de la redistribution des richesses, du
respect des droits de l’homme, des perspectives d’avenir pour la
jeunesse… c’est le recul, la descente aux enfers. En gros, le tableau
demeure très sombre après près d’un demi-siècle d’accession à
l’indépendance obtenue au prix du sang grâce à la bravoure de quelques
dignes fils du Congo dont il convient de saluer la mémoire.
47 ans après, outre les indicateurs tels que la situation politique
et économique, l’évolution sociale de nombre de congolais nés après
l’indépendance reste un indicateur très significatif en matière de
perspectives d’avenir en RDC.
Rappelons que au sortir du pays du joug colonial, la RDC ne
disposait pas de beaucoup de cadres. Nombre de congolais en âge de
procréation faisait partie de la classe ouvrière. Ces congolais
pourtant maçons, menuisiers, domestiques, mécaniciens, ajusteurs,
charpentiers… ont réussi, eux, à faire de leurs progénitures âgées
aujourd’hui d’une quarantaine ou trentaine d’années, des
universitaires, ingénieurs, médecins, juristes, ouvriers très
qualifiés…
Aujourd’hui ces universitaires ou ouvriers très qualifiés, ont du
mal à assurer à leurs enfants un avenir. Combien sont-ils de congolais
issus de générations nées après l’indépendance peuvent se targuer
d’avoir offert des perspectives d’avenir à leurs enfants ? N’est-ce-pas
que, c’est parmi ces générations que l’on compte plus de diplômés sans
emploi contraints à de reconversions professionnelles humiliantes,
incompatibles à leurs formations initiales ? N’est- ce-pas que des
milliers d’enfants abandonnés dans la rue « Ba shégués » vivent dans la
rue et de la rue et pire encore s’y multiplient donnant ainsi naissance
d’office à des enfants sans repères sociaux ? N’est-ce-pas que nombre
de ces enfants de la rue sont issus des parents nés après
l’indépendance ? N’est-ce-pas que de nombreuses filles de la rue, en
âge scolaire ou encore en lien avec leurs familles doivent pour
survivre et faire survivre les leurs, se prostituer en se livrant à des
rapports sexuels tarifés en fonction du port ou non par leurs
partenaires du préservatif, bravant ainsi le SIDA ? Combien d’enfants
atteints du virus du SIDA vivent sans parents condamnés à un avenir
très incertain ? Combien sont ces enfants dont l’avenir a été gâchée
par le fait d’enrôlements forcés dans l’armée ? Et ces enfants
contraints à se prendre très tôt en charge parce que leurs parents ont
été victimes des seigneurs de guerre ou carrément démunis ? Et tous ces
enfants accusés de sorcellerie et marginalisés ? Que des générations
sacrifiées après près d’un demi siècle d’accession à l’indépendance…
Au regard de ce tableau très sombre de notre pays, 47 ans après,
Quel Congo faudrait-il léguer aux générations avenirs ? Souhaiterions
nous que nos petits (es)-fils et filles, filles, fils devenus adultes
demain se reposent les mêmes questions que nous à propos de
l’incertitude de l’avenir ? Et que faire, alors ?
Il est vrai que durant ces 47 ans d’indépendance, tant de
générations ont été sacrifiées par les régimes politiques successifs en
RDC. Il nous semble vrai aussi qu’il revient à ces « générations
sacrifiées », la charge de sauver ce pays non seulement pour eux mais
surtout pour les générations futures. L’avènement d’un Etat de droit
dans un futur très proche doit demeurer, contre vents et marrées, notre
combat. Comme ça nos petits (es)-fils et filles, filles, fils devenus
adultes demain héritent de nous un Etat dans lequel, l’hymne national «
Débout Congolais » recouvrera tout son sens.
Pour ce faire, il revient aux congolaises et congolais de la
diaspora et ceux encore au pays de ne pas céder au défaitisme qui a élu
domicile dans le psychisme de nombre d’entre nous. Des propos du type «
Okanisi yo to bokanisi bino, nde bokobongisa mboka yango ? » (Tu penses
ou vous pensez que le salut du Congo viendra de toi ou de vous ?)
doivent être bannis du « répertoire langagier » du congolais.
Il est plus que temps que chaque congolais de ces « générations
sacrifiées » se pose au préalable la question de savoir « ce que lui
personnellement doit faire pour le redressement de notre cher et beau
pays. »
47ans après, notre peuple a été contraint non seulement à voter
dans une parodie d’élections, un président incompétent, sanguinaire, «
ex enfant soldat », mais aussi à assister à la démolition, au pillage,
par lui, son gouvernement inopérant, sa garde prétorienne, ses vassaux,
ses alliers angolais, rwandais, zimbabwéens, occidentaux… de ce qui
nous reste encore du Congo. Jusque quand devrions-nous continuer à
supporter cette humiliation ? Mme Marie-Thérèse NLANDU dans son
témoignage en l’église Saint Pierre de Jette près de Bruxelles le 30
juin dernier n’a pas mâché ses mots en confirmant que le « Congo ne
nous appartient plus ».
Quant au Député national, KIKWAMA Kia KIZIKI, dans une conférence
organisée le dimanche 1er juillet 2007 par la communauté Ne-Kongo de
Belgique à l’espace Matonge, du remuant quartier d’Ixelles, il a appelé
la diaspora congolaise à rester vigilants durant cette législature et
s’engager dans un travail de re sensibilisation de notre peuple en vue
de forger une opinion publique congolaise suffisamment imprégnée des
règles du jeu démocratique et consciente des enjeux avenirs. Et cela de
sorte que le moment venu, le congolais se souvienne préalablement de
son devoir démocratique de sanctionner les parvenus, au moment de
glisser son bulletin dans l’urne. Dans son discours très limpide, M.
KIKWAMA a souligné la nécessité de préserver les acquis de cette
parodie d’élections à savoir les institutions politiques, de sorte à
éviter tout recours aux armes pour prendre le pouvoir.
Mais les congolais issus de « générations sacrifiées » sont de plus
en plus dubitatifs à cette recette. Pour nombre d’entre eux les
rapports de force face à une opposition institutionnelle décapitée à
l’heure actuelle sont tels que la reconduction de Joseph Kabila, cet
incompétent reste probable. L’armée nationale ayant été désintégrée,
Kabila sachant la détermination de notre peuple à l’acheminer au
tribunal pénal international, chercherait l’appui de ses maîtres
Dos-santos, Kagame, européens et américains maffieux pour se maintenir
au pouvoir. Et si un tel scénario pourrait se confirmer, quid alors de
perceptives d’avenir de nos petits (es)-fils et filles, filles, fils ?
Pour M. KIAKWAMA, une re sensibilisation tous azimuts aux règles du
jeu démocratique puis l’appropriation de celles-ci par notre peuple
aura raison de ce type de scénario diabolique. Illustrant que la prise
de conscience de notre peuple est en marche, il a indiqué que si le
vote du budget 2007 devait se faire par bulletin secret, ce budget
n’aurait pas été voté. Comme pour dire les parlementaires de la
majorité présidentielle commencent à se rendre compte que le peuple
pourrait leur retirer toute sa confiance le moment venu.
Et là aussi, le doute persiste encore dans le chef des congolais
issus de « générations sacrifiées ». Certains pensent qu’il faille
impérativement mettre hors d’état de nuire ce régime de Kabila avant
qu’il ne s’érige en dictature et crucifie le peu d’espoir qui nous
reste encore. Me Marie-Thérèse NLANDU au cours de son témoignage en
l’église Saint Pierre de Jette a laissé entendre qu’il y avait moyen de
mettre un maximum des pressions sur Joseph Kabila afin de le
contraindre à la démission bien avant le terme de son mandat.
D’autres lassés par de discours politiques improductifs, rêvent
désormais d’un homme ou des hommes en uniformes imprégnés de vertus
démocratiques et désintéressés du pouvoir pour sonner la fin de la
récréation à Joseph Kabila et sa bande. Et ensuite restituer le pouvoir
au peuple à travers l’organisation des élections crédibles, lesquelles
porteraient au pouvoir de congolais intègres et déterminés à redonner
de la fierté au sol de leurs aïeux.
47 ans après, le ras le bol des congolais issus de « générations
sacrifiées » est perceptible que ça soit à l’intérieur ou à l’extérieur
du pays. Cette exaspération pourrait se justifier par cette traversée
interminable du désert depuis l’accession à l’indépendance à ce jour.
Mais au regard des enjeux et de la complexité de la crise congolaise,
faudrait-il prôner un coup de force militaire ou s’engager dans un
travail progressif et méthodique de conscientisation de notre peuple
afin que le moment venu, usant de son droit de sanction, qu’il siffle
réellement la fin de la récréation ? Ou encore suivant l’idée selon
laquelle, le « Congo ne nous appartient plus », faudrait-il croiser les
bras et attendre tranquillement que les cinq années confiées
imprudemment à Joseph Kabila arrivent à terme ?
Il appartient aux « générations sacrifiées », moteur du
redressement du Congo, notre beau et cher pays, de lever l’option qui
paraît la plus adéquate et adaptée à la complexité des problèmes
congolais. Toujours est-il que Joseph Kabila doit partir… avant terme.
Blaise B. MANTOTO
Courriel : bula_mantoto@yahoo.fr
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