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13 juillet 2007

RDC : Encore des instructeurs militaires Belges…Et après… ?

Sur interpellation du sénat congolais, M Denis Kalume, ministre d’Etat en charge de l’intérieur et de la décentralisation a été convié, le jeudi 05 juillet dernier, à répondre à une question orale sur l’insécurité grandissante sur toute l’étendue de la République.

Evoquant essentiellement l’insécurité à l’Est du pays, il a défendu l’option qu’il qualifie de politique de sagesse levée par le gouvernement, laquelle privilégie le dialogue avec les factions armées et leurs commanditaires contrairement à l’option militaire défendue, à la fois, par certains milieux diplomatiques, parlementaires congolais ainsi que la société civile.

L’option du dialogue traduit l’échec du brassage amorcé sous 1+4=0 . Ayant lamentablement échoué dans sa prétendue volonté de doter le pays d’une armée unifiée, disciplinée, bien équipée, respectueuse des droits humains…, le gouvernement congolais ne souhaite pas s’aventurer sur ce terrain boueux, après tous les enlisements de ses forces armées (FARDC) sur le front Est du pays, ces dernières années.

Craignant un échec inéluctable en optant pour l’option militaire, le gouvernement congolais estime mettre à profit ce temps pour reformer son armée et la préparer suffisamment à sa mission de défense de l’intégrité territoriale. Pour y parvenir, M. Denis Kalume a laissé entendre que le gouvernement compte accélérer la formation des militaires congolais par les Belges en ce qui concerne le domaine militaire, la logistique militaire au moyen de l’équipement des différentes armes, le versement ininterrompu d’une solde plus importante que celle dérisoire empochée jusque-là par les FARDC. Ce retour des instructeurs Belges est programmé pour le 20 août 2007 prochain.

Et au peuple congolais de s’interroger : Encore des instructeurs, des experts militaires Belges… Et après… ?

D’entrer de jeu cette question mérite d’être posée. Il y a quelques mois sous le règne de la fameuse formule 1+4 =0, une mission militaire belge avait séjourné en RDC dans le but entre autre d’amener à la formation d’une seule et unique force armée congolaise à travers le brassage des puissances de feu de belligérants d’alors.

Ce processus de brassage sensé s’est terminé avant la tenue des élections est donc resté inachevé à ce jour avec notamment l’obstination de Laurent Nkunda et ses hommes ainsi que d’autres groupes armés nationalistes, à réintégrer les FARDC.

Le peuple congolais se souvient aussi de la précipitation avec laquelle les dernières brigades ont été brassées au point que l’on a misé sur le quantitatif au détriment du qualitatif. L’armée congolaise est devenue ce fourre-tout où l’on trouve plus de commerçants que de vrais militaires, des civils sans formation convertis du jour au lendemain en militaires, des jeunes socialement en perdition s’y réfugiant …

Le peuple congolais se rappelle encore que les brigades brassées soit disant disciplinées se sont distinguées par des exactions vis-à-vis des populations sensées être sous leur protection, s’érigeant ainsi en bourreaux de leurs propres frères et sœurs.

Beaucoup d’organisations indépendantes ont confirmé l’indiscipline de ces brigades et leur propension à des exactions à l’égard des civils congolais. Dans sa conférence du 1er juillet dernier à l’espace Matonge à Ixelles, le député national M. KIAKWAMA Kia KIZIKi citant la division des droits de l’homme de la Monuc a rapporté que, d’après celle-ci, 80% de crimes commis en RDC étaient l’apanage de la police et de l’armée.

Et les congolais se rappellent que très récemment un journaliste de Radio Okapi a été abattu par des hommes en uniformes, une journaliste de la RTNC et son frère ont été victimes d’un attentat perpétré par des militaires, un autre journaliste d’une radio à Kisangani pour avoir filmé Joseph Kabila lors des festivités du 30 juin dernier s’est vu tabassé à mort par la garde prétorienne de ce dernier..

Le peuple congolais a toujours présent à l’esprit le massacre des adeptes de BDK par la police et l’armée congolaise appuyée par des éléments de l’armée angolaise. Les rafles de nombreux ressortissant de l’Equateur et leur mise à mort après les événements du 22-23 mars dernier ayant abouti l’exil forcé du Sénateur Jean Pierre Bemba. La tuerie au camp Tshatshi, d’après Me Marie-Thérèse Nlandu de 50 personnes membres de MLC de Jean Pierre Bemba, par le colonel BOFATE récemment promu à une fonction supérieure. L’emprisonnement d’un nombre important des femmes proches de Bemba à la prison centrale de Makala, après arrestations arbitraires opérées par les hommes en uniforme de Joseph Kabila, selon Me Nlandu.

Les congolais se souviennent que, pour de raison de souveraineté, le gouvernement de transition 1+4=0 avait souhaité assurer lui-même le paiement de ses militaires en dépit de la proposition de l’Union Européenne d’en garantir le versement et le contrôle.

Dans un tel contexte, le grand retour des instructeurs Belges annoncés au Sénat par le ministre congolais de l’intérieur, serait-il le remède adéquat ? Au vu du comportement des militaires brassés lors de la première mission Belge, la grande question que l’on devrait se poser, ne serait-elle pas celle de savoir : « qu’est-ce qui adviendrait une fois que cette mission aurait pris fin et serait rentrée en Belgique ? »

Il est donc impérieux que la Belgique qui voudrait contribuer à la formation des militaires congolais fasse au préalable une évaluation sur l’impact de son travail auprès de ces mêmes militaires après la première phase de formation. Aussi faudrait-il encore évaluer l’implication personnelle de Joseph Kabila à la matérialisation des objectifs assignés à cette première phase de formation des militaires congolais ?

Si les experts militaires Belges s’étaient déjà penchés objectivement sur cette évaluation, ils se rendraient compte que les problèmes minant l’armée congolaise ne seraient pas principalement d’ordre pécuniaire mais plutôt liés à la politisation de l’armée, à la propension de ses cadres aux affaires très lucratives, à l’impunité de ses cadres supérieurs impliqués dans des massacres, exactions… et la promotion de ces derniers à des postes importants. Ils constateraient que le laisser-faire entretenu par Joseph Kabila en serait également pour quelque chose. Le chef ne donnant pas d’exemple, quid de la discipline dans les rangs ?

Comment des militaires brassés lors de la première phase, ne sont pas capable d’assimiler et d’intégrer le caractère apolitique de l’armée ? Pourquoi en dépit des heures passées sous encadrement belge, ces militaires ne comprennent toujours pas qu’ils ne sont pas la propriété de Joseph Kabila mais plutôt de l’Etat congolais ?

Quelle garantie la Belgique a-t-elle obtenu du gouvernement congolais et de son chef attestant que cette fois-ci, les hommes en uniformes assimileraient et intégreraient le caractère apolitique d’une armée dans une démocratie digne de ce nom ? Que la garde prétorienne de Joseph kabila « GSSP » deviendrait une garde républicaine et ne demeurerait pas cette espèce de service de gardiennage privé ?

Si la Belgique devait payer les militaires congolais, serait-elle en mesure de veiller à ce que la totalité de leur dû leur parvienne sans être soustrait au passage par un supérieur ? Et comment va-t-elle s’organiser pour que les militaires affectés dans les provinces, dans les villages ne subissent pas la loi de 10% càd un retrait de ces pourcentages de leur solde par un supérieur sans leur consentement ?

Et si l’impunité des politiques, des militaires impliqués dans des massacres et leurs promotions à un statut important ou des fonctions supérieures devait se poursuivre, pourquoi alors s’engager à une formation qui n’aura pas d’ impacts à la promotion de la démocratie et la prise de conscience par l’armée de sa mission fondamentale de défense de l’intégrité du territoire et non d’ un seul individu, en l’occurrence Joseph Kabila ?

A quoi servirait une telle formation, si après , la police et l’armée continueront à se livrer à des exactions contre de populations civiles ou à être utilisées pour remplir des sales besognes telles que les rafles, les éliminations physiques d’opposants, journalistes, citoyens patriotes… ?

Pourquoi s’engager à payer la solde des militaires congolais sachant qu’après, avec un budget 2007 très restrictif, l’Etat congolais ne pourra pas garantir une paie régulière à ses militaires ? Et donc il y a une forte probabilité que ces militaires replongent davantage dans les exactions… ?

Le peuple congolais demande au prochain chef du gouvernement Belge, à son gouvernement, au sénat et au parlement de surseoir à une telle mission. La Belgique, si elle devait y aller précipitamment, risquerait de renforcer la politisation de l’armée voulue et entretenue à de fins personnelles par Joseph Kabila.

Avant toute implication, elle devra exiger de Joseph Kabila et son gouvernement de faire preuve d’actions concrètes et mesurables allant dans le sens de la dépolitisation de l’armée , de sa non exploitation à de fins personnelles ... Aussi devra-t-elle exercer une bonne dose de pressions sur Kabila pour que soient condamnés des cadres supérieurs de l’armée impliqués dans le massacre des adeptes de Bundu dia Kongo, des partisans Jean Pierre bemba, des journalistes et biens d’autre congolais.

Et si la Belgique s’implique dans une telle mission sans exiger des préalables mesurables, qu’elle ne s’étonnent pas de l’immobilisme de l’armée congolaise càd que celle-ci ayant été renforcée renoue avec ses anciennes méthodes et reste la machine à tuer de Joseph Kabila, que celle-ci s’adonne aux affaires très lucratives plutôt qu’à la défense de l’intégrité territoriale, une fois les instructeurs et experts militaires Belges partis.
A bon entendeur, salut… au carré…

Blaise B. MANTOTO.
Courriel : bula_mantoto@yahoo.fr
_________________
Samy Musampa Batena Babo
Liège
Belgique
Notre E-mail: sammusampa@hotmail.com   
Notre Blog : http://udpsliege.afrikblog.com/

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