30 juin 1960 – 30 juin 2009 : « Que des générations sacrifiées… »
Ca fait déjà 49 ans depuis l’accession du Congo-Kinshasa à l’indépendance. Si les premières ères de cette indépendance ont été célébrées au rythme entraînant de la chanson « Indépendance Tsha Tsha » avec un engouement populaire suscité par un sentiment de libération du joug colonial, au fil des années, cette célébration a perdu toute adhésion populaire. L’autodétermination, la prospérité tant rêvées se sont muées en une stagnation tous azimuts.
Après 49 ans, le Congo-Kinshasa fait du surplace voire dégringole telle une météorite en désagrégation. Sur le plan politique, économique, social, c’est quasi le chaos. Du point de vue de la bonne gouvernance, de la sécurité, de la surveillance de l’intégrité territoriale, de la gestion de ressources naturelles, de la redistribution des richesses, du respect des droits de l’homme, des perspectives d’avenir pour la jeunesse… c’est le recul, la descente aux enfers. En gros, le tableau demeure très sombre après près d’un demi-siècle d’accession à l’indépendance obtenue au prix du sang grâce à la bravoure de quelques dignes fils du pays dont il convient de saluer la mémoire.
49 ans après, outre les indicateurs tels que la situation politique et économique, l’évolution sociale de nombre de congolais nés après l’indépendance reste un indicateur très significatif en matière de perspectives d’avenir au Congo-Kinshasa.
Rappelons que au sortir du pays du joug colonial, le Congo-Kinshasa ne disposait pas de suffisamment de cadres. Nombre de congolais en âge de procréation faisait partie de la classe ouvrière. Ces congolais pourtant maçons, menuisiers, domestiques, mécaniciens, ajusteurs, charpentiers… ont réussi, eux, à faire de leurs progénitures âgées aujourd’hui d’une quarantaine ou trentaine d’années, des universitaires, ingénieurs, médecins, juristes, enseignants ou encore ouvriers très qualifiés…
Aujourd’hui ces universitaires et ouvriers très qualifiés, ont du mal à assurer à leurs descendances, un avenir. Combien sont-ils ces congolais issus de ces générations nées après l’indépendance qui peuvent se targuer d’avoir offert des perspectives d’avenir à leurs progénitures ? N’est- ce-pas que, c’est parmi ces générations que l’on compte plus de diplômés sans emploi contraints à de reconversions professionnelles humiliantes, incompatibles à leurs formations initiales ? N’est- ce-pas que des milliers d’enfants abandonnés dans la rue « Ba shégués » vivant dans la rue et de la rue, pire encore s’y multipliant, donnant ainsi naissance d’office à des enfants voués à un avenir incertain , n’est-ce-pas que nombre de ces « Shégués » sont issus des parents nés après l’indépendance ? Et quid des filles de la rue, en âge scolaire ou encore celles vivant sous contrôle parental qui doivent pour survivre et faire survivre les leur, se prostituer en se livrant à des rapports sexuels tarifés en fonction du port ou non par leurs partenaires du préservatif, bravant ainsi le SIDA ? Combien sont ces enfants dont l’avenir a été gâché par le fait d’enrôlements forcés dans l’armée ? Et ces enfants contraints à se prendre très tôt en charge parce que leurs parents ont été victimes des seigneurs de guerre ? Quid de toutes ces petites et jeunes filles quotidiennement victimes de viol à l’Est, devenues paria de la société ? Et tous ces enfants accusés de sorcellerie et marginalisés ? Que des générations sacrifiées après près d’un demi siècle d’accession à l’indépendance…
Toutefois face à cette réalité déplorable, il appartient à toutes ces générations sacrifiées en âge de voter de prendre conscience qu’elles détiennent la clé du changement. Celle-ci s’appelle « le vote sanction ». Et celui-ci traduit le mécontentement d’un peuple contre un pouvoir qui n’a pas tenu ses engagements et ses promesses électoraux ou encore un pouvoir déficient. C’est le cas de Joseph Kabila, qui, d’ailleurs, continue à faire preuve d’une médiocrité indescriptible au sommet de l’Etat. Son manque de leadership et son incapacité à diriger le pays se confirment jour après jour. La paix promise à l’Est, pas au rendez-vous c’est plutôt l’insécurité totale, les violences sexuelles, les soldes de troupes au front régulièrement détournées en toute impunité, les 5 chantiers de Kabila en berne … Bref un bilan déjà négatif.
Et face aux enjeux électoraux à venir (élections locales et celles prévues en 2011), ces générations sacrifiées en âge de voter ne doivent plus se laisser magnétiser par des discours démagogiques du pouvoir, des promesses sans lendemain, des sacs de riz ou autres biens alimentaires, des distributions d’argent ... à l’approche de la bataille électorale. Elles doivent plutôt se rappeler qu’elles ont toujours été sacrifiées, utilisées comme marche-pieds en période électorale puis abandonnées, ensuite, au quotidien, à leur calvaire et questionnement .
Aux générations sacrifiées d’imprimer la dynamique du changement en s’impliquant avec détermination et vigilance dans l’avènement d’une Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), non seulement débarrassée de l'Abbé Malu Malu et son équipe mais surtout totalement indépendante du Tutsi Joseph Kabila.
Aux générations sacrifiées de se souvenir, au moment de glisser leur bulletin dans l’urne, le moment venu, de leur devoir à la fois démocratique et salvateur de sanctionner le régime Kabila, dès les élections locales.
Blaise B.Mantoto
Courriel :bula_mantoto@yahoo.fr