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9 septembre 2007

Affaire BDK : A quand la condamnation des militaires et politiques impliqués ?

Affaire BDK : A quand la condamnation des militaires et politiques  impliqués ?

La Monuc vient de publier, il y a quelques semaines, son  rapport d’enquête sur le massacre des adeptes de Bundu dia Kongo (B.D.K).  Ce rapport, à la différence de celui de la commission parlementaire congolaise, a brisé le silence pesant sur la responsabilité des officiers militaires des FARDC, comme l’a fait Human Rights  Watch (H.R.W) dans sa déclaration du 12 avril dernier à la commission parlementaire de la RDC enquêtant sur les événements au Bas-Congo.

Si dans son enquête H.R.W. a fait état de 106 victimes, le récent rapport de la Monuc, lui avance un chiffre de 105 morts. Il n’est pas exclu que ce chiffre soit  plus  élevé  au vu des difficultés ayant émaillé cette enquête. Le rapport note : «  … L’accès à l’hôpital a été retardé. Des éléments de FARDC étaient postés dans l’enceinte de l’hôpital et de la morgue, et n’ont pas autorisé l’équipe à faire des photos…. Au total, au moins cinq soldats de FARDC ont été postés  à l’hôpital de manière permanente, et ont empêché les gens d’entrer à la morgue pour vérifier si les membres de leurs familles s’y trouvaient… » (Difficultés rencontrées au cours de l’enquête p.2)

Il ressort du résumé de faits qu’ «  au moins 16 personnes auraient été tuées à Matadi (y compris un soldat) et six personnes toutes membres du BDK, seraient toujours portées disparues En effet l’équipe a confirmé la présence de 16 corps à la morgue, mais certains employés de l’hôpital ont déclaré au total 23 corps y avaient été  reçus » (Résumé des faits, p.3)

Parlant des victimes, le rapport de la Monuc indique  clairement qu’il y a eu des morts tant du coté des hommes en uniforme que du BDK. Et que les responsables doivent être déférés en justice pour répondre de leurs  actes  et éventuellement être sanctionnés.

Mais seulement depuis que le gouvernement Gizenga, muet au départ, s’en est remis à la justice congolaise pour qu’elle dise le droit, il a été constaté que seuls les adeptes  de BDK,  pourtant des civils, ont été traînés devant des tribunaux militaires  et ont écopé des peines d’emprisonnement. Alors que les militaires et les politiques tireurs de ficelles dans l’ombre, en l’occurrence Joseph Kabila , Denis Kalume  circulent en toute impunité.

Stigmatisant cette impartialité, le rapport de la Monuc rapporte en page 8 que : « L’organisation non-gouvernementale internationale Human Rights Watch, qui en avril dernier avait mené une enquête approfondie sur les incidents, a indiqué que le travail mené par la commission parlementaire constituait un dédouanement des responsabilité des forces de sécurité impliquées »  Aussi convient-il de signaler comme il ressort du récent rapport de la Monuc ( p.2.) : «  Le général Bondjuka commandant de la base militaire des FARDC à Kitona, avait initialement refusé de remettre à l’équipe la liste des soldats cités comme faisant partie du groupe qui avait pourchassé et exécuté des partisans du BDK dans les alentours de l’église du BDK. Il a par la suite déclaré qu’il n’avait aucune objection à remettre la liste, mais qu’une telle décision devrait être approuvée par sa hiérarchie à Kinshasa »

Si le rapport  de la Monuc ne  cite  pas nommément et explicitement les officiers militaires impliqués,  grâce à celui de  H.R.W (p.7-8), nous savons qu’un certain nombre d’officiers supérieurs des FARDC doivent faire l’objet d’enquêtes visant à déterminer leur responsabilité dans les événements notamment les généraux Bonjuka Botunga (Kitona),Mbuayama Nsiona, Joseph Mukendi, le major Mbakulu, le capitaine Emmanuel Matuka Mokwele, les commandants Kota et Jean Paul Songa.. A  cette énumération s’ajoute, le général Kisempia (Chef d’Etat-major général des FARDC au moment du massacre)  qui avait donné les instructions à partir de Kinshasa,  au téléphone,  au commandant de Kitona de « rétablir l’ordre ». De qui a-t-il, à son tour, reçu l’ordre, ?  Sans aucun doute de Joseph Kabila via Denis Kalume ministre de l’intérieur.

Pendant que le pouvoir continue de persécuter de mire les adeptes de BDK, au moment où Joseph Kabila, Denis kalume et leurs vassaux empêchent son leader Ne Muanda Nsemi pourtant député national élu de visiter sa base électorale et les populations d’autres localités dans le Bas-Congo, il est préoccupant comme pour reprendre une des conclusions du rapport de la Monuc : «  …qu’à ce jour, tandis que des poursuites ont été entamées à l’encontre de certains membres du BDK, aucun élément de la police ni des FARDC impliqués dans ces violences n’ait fait l’objet de poursuites judiciaires. Le fait que des membres du BDK, bien qu‘étant des civils, soient poursuivis devant des juridictions militaires, est également un sujet d’inquiétude. »

Sachant que la situation demeure très tendue et qu’il existe une forte probabilité que de violents incidents se reproduisent dans le Bas-Congo comme l’a constaté la Monuc, à  cela s’ajoute, le fait que récemment Ne Muanda Nsemi   député national élu ait été empêché  de visiter sa base électorale par  des militaires des FARDC  sans que ces derniers fassent l’objet de poursuites judiciaires, il y a lieu de constater que la coupe est trop pleine de frustrations dans le rang des adeptes de BDK , de la population de Bas-Congo et du peuple congolais  en général.

Il est donc temps que la justice congolaise se montre indépendante et engage des poursuites judiciaires à l’encontre  des soldats, officiers militaires supérieurs et autorités politiques impliqués dans  ce massacre. Sinon quid de l’érection d’un Etat de Droit en RDC ? Trop,  c'est trop...

Blaise B. Mantoto

Courriel : bula_mantoto@yahoo.fr

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Commentaires
A
je voudais savoir les noms de diigeants de BDK.
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M
C'EST TRES IMPORTANT DE LIRE AUSSI CETTE PARTIE DU RAPPORT POUR NE PAS AVOIR L INFORMATION TRAVESTIE...<br /> <br /> "Les dirigeants et membres du BDK dans le Bas Congo et à Kinshasa ont collaboré et ont donné leur version des faits à l'Equipe. Cependant, certains d'entre eux ont eu une tendance à exagerer les faits en les décrivant. L'Equipe a perdu beaucoup de temps à examiner des allégations graves faites par le BDK qui,après vérifications et recoupements,se sont avérées entièrement INFONDEES."<br /> <br /> Notes:<br /> <br /> (1) L'Equipe était composée de cadres du bureau intégré des Droits de l'Homme et des représentants de diverses composantes de la MONUC telles que: Protection de l'Enfance, Affaires Politiques, Information, JMAC, Sécurité et UNPOL. La couverture sécuritaire et le transport de la mission étaient assurés par la Brigade Ouest de la Composante Militaire de la MONUC.<br /> <br /> (2) Après vérification, l'Equipe a conclu que cette allégation n'était pas fondée.<br /> <br /> (3) Voir ci-après.<br /> <br /> Rapport_complet (pdf* format - 186,9 Kbytes)
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M
Source: United Nations Office of the High Commissioner for Human Rights (OHCHR)<br /> <br /> Date: 27 Jul 2007<br /> Print Print Email E-mail Save to My ReliefWeb Save<br /> Mission d'enquête au bas Congo, Février 2007<br /> <br /> <br /> Résumé des conclusions<br /> <br /> Une équipe multidisciplinaire de la MONUC, conduite par l'Unité d'Enquêtes Spéciales du bureau intégré des Droits de l'Homme (1), s'est rendue dans la province du Bas Congo le 5 février 2007 afin d'enquêter sur les incidents violents des 31 janvier et 1er février 2007, qui ont coûté la vie à 105 personnes. Ces incidents ont éclaté lorsque le mouvement politico-religieux Bundu Dia Kongo (BDK) a tenté d'organiser des villes mortes à travers le Bas Congo suite aux élections des gouverneurs et des sénateurs, dont les résultats étaient contestés par le BDK. Au moins 100 personnes ont été blessées au cours de ces incidents bien qu'il soit impossible de vérifier le nombre exact compte tenu du flux constant de personnes dans les cliniques et hôpitaux locaux, mais aussi et surtout à cause de la réticence de nombreux membres du BDK à se faire soigner de peur d'être localisés par les autorités. Bien que les protestations des partisans du BDK aient été souvent violentes et aient abouti à des meurtres et d'autres crimes, l'Equipe d'enquête a pu établir que le nombre élevé de victimes a été le résultat de l'usage indiscriminé et disproportionné de la force et - dans certains cas - des exécutions sommaires par des éléments des Forces Armées de la RDC (FARDC) et de la Police nationale congolaise(PNC).<br /> <br /> Méthodologie<br /> <br /> Eu égard aux rapports relatifs à la gravité des affrontements survenus les 31 janvier et 1er février 2007 dans les villes de Matadi, Muanda, Songolo et Boma, les membres de l'Equipe d'Enquête Spéciale de la MONUC (« l'Equipe ») ont quitté Kinshasa les 05 et 06 février 2007 à destination de ces quatre lieux. Elle a été appuyée par la MONUC/Matadi dès son arrivée sur place, et a conduit plus de 150 entretiens, y compris avec des dirigeants et des partisans du BDK, des autorités administratives et politiques, la Police, l'Armée, l'Agence Nationale des Renseignements (ANR), les autorités judiciaires civiles et militaires, les autorités pénitentiaires, des témoins et des victimes des deux parties, des employés des hôpitaux et des morgues, des ONG locales, des journalistes et des personnalités de la société civile, des leaders religieux ainsi qu'avec d'autres sources. L'Equipe était munie des outils nécessaires à la conduite professionnelle d'enquêtes en matière de droits de l'homme, y compris des caméras vidéo, des appareils photographiques, des appareils de navigation GPS, des ordinateurs portables et des téléphones satellitaires.<br /> <br /> Au cours de l'enquête, et eu égard aux circonstances et à l'attention entourant ces incidents violents, l'Equipe a pris des mesures pour la protection des témoins et des victimes en relevant, de façon systématique, les coordonnées de ces derniers et en conduisant les entretiens de la manière la plus discrète possible.<br /> <br /> Difficultés rencontrées au cours de l'enquête<br /> <br /> A Matadi, des soldats des FARDC déployés tout autour de la morgue, ont tenté d'empêcher l'Equipe d'y entrer. L'accord a été finalement donné lorsque le Directeur de la Division des Droits de Homme a attiré l'attention du Maire sur cette question. L'Inspecteur Provincial de la PNC à Matadi a proféré des accusations erronées, déclarant que les casques bleus de la MONUC avaient tiré sur les membres du BDK au cours de l'évacuation d'un employé de la MONUC qui conduisait un véhicule de l'ONU à proximité du lieu des incidents (2).<br /> <br /> La collaboration entre l'Equipe et les autorités de Muanda a été bonne. Cependant, l'ANR, qui a suivi l'Equipe de manière plutôt ostentatoire, a convoqué des journalistes suspectés d'avoir collaboré avec l'Equipe de la MONUC. Néanmoins, suite à un appel entre le chef de l'Equipe et le chef de l'ANR de Muanda, l'ANR s'est montrée plus coopérative. Le Général Bondjuka, Commandant de la Base Militaire des FARDC à Kitona, avait initialement refusé de remettre à l'Equipe la liste des soldats cités comme faisant partie du groupe qui avait pourchassé et exécuté des partisans du BDK dans et aux alentours de l'église du BDK(3). Il a par la suite déclaré qu'il n'avait aucune objection à remettre la liste, mais qu'une telle décision devrait être approuvée par sa hiérarchie à Kinshasa.<br /> <br /> A Songololo, l'Equipe a bénéficié d'un franc et cordial entretien avec les autorités locales compétentes, et n'a pas rencontré de difficultés notables à mener son enquête.<br /> <br /> Certaines autorités de Boma, bien qu'ayant montré une volonté de coopérer au début de l'enquête, ont par la suite entravé le travail de l'Equipe de diverses manières. L'accès de l'Equipe à l'hôpital et à la morgue a été retardé. Des éléments des FARDC étaient postés dans l'enceinte de l'hôpital et de la morgue, et n'ont pas autorisé l'Equipe à faire des photos. Ils ont même tenté de confisquer l'appareil photo d'un membre de l'Equipe. Les militaires ont aussi tenté de filer l'Equipe au cours de son enquête à l'hôpital jusqu'à ce que le Procureur intervienne. Au total, au moins cinq soldats des FARDC ont été postés à l'hôpital de manière permanente, et ont empêché les gens d'entrer à la morgue pour vérifier si les membres de leurs familles s'y trouvaient. Ils ont aussi intimidé le personnel médical contacté par l'Equipe.<br /> <br /> Les dirigeants et membres du BDK dans le Bas Congo et à Kinshasa ont collaboré et ont donné leur version des faits à l'Equipe. Cependant, certains d'entre eux ont eu une tendance à exagérer les faits en les décrivant. L'Equipe a perdu beaucoup de temps à examiner des allégations graves faites par le BDK qui, après vérifications et recoupements, se sont avérées entièrement infondées.<br /> <br /> Notes:<br /> <br /> (1) L'Equipe était composée de cadres du bureau intégré des Droits de l'Homme et des représentants de diverses composantes de la MONUC telles que: Protection de l'Enfance, Affaires Politiques, Information, JMAC, Sécurité et UNPOL. La couverture sécuritaire et le transport de la mission étaient assurés par la Brigade Ouest de la Composante Militaire de la MONUC.<br /> <br /> (2) Après vérification, l'Equipe a conclu que cette allégation n'était pas fondée.<br /> <br /> (3) Voir ci-après.<br /> <br /> Rapport_complet (pdf* format - 186,9 Kbytes)<br /> (*) Get Adobe Acrobat Viewer (free) <br /> <br /> <br /> With the exception of public UN sources, reproduction or redistribution of the above text, in whole, part or in any form, requires the prior consent of the original source.
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M
ncidents sanglants du Bas-Congo : la Monuc publie son rapport<br /> Politique - 30-07-07 - Kinshasa - Le Potentiel<br /> <br /> Au terme de son enquête diligentée sur les affrontements sanglants qui avaient opposé, les 31 janvier et 1er février 2007 les agents de l’ordre aux adeptes du mouvement politico-religieux appelé Bundu dia Kongo, dans la province du Bas-Congo, la Monuc vient de publier son rapport. Dans ce document, elle relate les faits et suggère un certain nombre de recommandations aux pouvoirs publics. Elle invite, par exemple, les autorités judiciaires à identifier et traduire en justice, toutes les personnes impliquées dans ces incidents. Résumé des faits.<br /> <br /> A Matadi, les informations collectées auprès de différentes sources indiquent que le 31 janvier 2007, vers 18 heures, 25 policiers ont été déployés pour effectuer une opération de perquisition dans une maison utilisée par des partisans du Bundu dia Kongo (BDK) à Bwima, dans le quartier Soyo. A cette occasion, les policiers se sont heurtés à la résistance des partisans du BDK, qui avaient été prévenus de cette opération, et les attendaient, armés de pierres, derrière des barricades qu’ils avaient érigées devant la maison de Fuka Unzola (le candidat du Mouvement de Libération du Congo (MLC) aux élections de gouverneur), empêchant ainsi la Police nationale congolaise (PNC) de procéder à la perquisition. Face à cette forte résistance, la PNC aurait fait usage de grenades lacrymogènes, et aurait tiré en l’air avant de battre en retraite. Un soldat de l’Auditorat Militaire qui passait dans les environs aurait été battu et lapidé à mort par les partisans du BDK.<br /> <br /> Le lendemain, vers 5 heures du matin, un nombre important de policiers serait revenu sur les lieux et aurait tiré à balles réelles sur les partisans du BDK qui étaient derrière les barricades érigées dans les rues et sur ceux qui étaient dans la maison où la perquisition devait avoir lieu.<br /> <br /> Les partisans du BDK, auraient riposté au moyen d’objets en bois et de pierres. Vers 11h00, des éléments des FARDC auraient été déployés sur les lieux. Par une réquisition des forces armées datée du 31 janvier 2007, le gouverneur du Bas-Congo, Jacques Mbadu Nsitu avait sollicité la mise à disposition de 300 éléments des FARDC pour le maintien de l’ordre et la dispersion de toutes les manifestations «non autorisées » dans le Bas- Congo. Les affrontements ont cessé dans l’après-midi. La PNC et les FARDC ont transporté les blessés à l’hôpital local, tout au long de la matinée et de l’après-midi.<br /> <br /> A l’Hôpital de Référence de Matadi, l’équipe a interviewé 15 personnes (y compris trois mineurs) présentant des blessures par balle. Ces personnes ont aussi attesté qu’elles étaient « à la poursuite » des forces de sécurité lorsque celles-ci leur ont tiré dessus. Au moins 16 personnes auraient été tuées à Matadi (y compris un soldat, voir ci-dessus) et six personnes, toutes membres du BDK, seraient toujours portées disparues. En effet, l’Equipe a confirmé la présence de 16 corps à la morgue, mais certains employés de l’hôpital ont déclaré qu’au total 23 corps y avaient été reçus. Cependant, il était difficile de vérifier le nombre de blessés en raison de la forte réticence de nombreux membres du BDK à se faire soigner, de peur d’être localisés par les forces de sécurité.<br /> <br /> A Muanda, selon le récit des personnes rencontrées, suite à la circulation de tracts appelant à une «journée de ville morte» pour le 1er février 2007, une réunion de sécurité s’est tenue le 31 janvier 2007. Au cours de cette réunion, il a été décidé que l’armée enverrait deux sections de la Police Militaire (PM) de la Base militaire de Kitona pour appuyer la PNC en cas d’affrontements avec le BDK. Le chef de la PM avait clairement signalé qu’il n’aurait pas les moyens de maîtriser la situation en cas de violences. Il est à signaler qu’en dépit d’incidents antérieurs avec le BDK à Muanda, le Gouvernement n’avait pris aucune disposition pour renforcer les capacités de la police en matière de maintien de l’ordre et de gestion des crises.<br /> <br /> C’est ainsi que le même jour, la PM est partie de Kitona après avoir reçu l’ordre formel de ne pas utiliser les armes, même pas pour tirer en l’air. Arrivés au centre-ville, au siège de l’Administration et de la Police vers minuit, les militaires se sont scindés en trois groupes et ont pris position à certains endroits stratégiques de Muanda. Vers 04h30 du matin le 1er février 2007, des partisans de BDK auraient attaqué deux positions de la PM et tabassé à mort un lieutenant de la PNC.<br /> <br /> En outre, entre 04h30 et 06 h00, des partisans du BDK, munis d’armes blanches et profitant de leur nombre important, auraient pris le contrôle de la partie orientale de Muanda et auraient hissé le drapeau du BDK en lieu et place du drapeau national au bureau de l’Administrateur du territoire. Quatre policiers, un élément de la PM et au moins quatre civils auraient été tués pendant ce même intervalle de temps. Les bureaux de l’Administrateur du territoire, de l’état-major de la Police, du Commissariat de Police, du tribunal, et quelques maisons privées ont été attaqués et endommagés. Un officier de la PNC a été violé. De plus, tous les 27 détenus du cachot du commissariat de police ont été libérés par le BDK.<br /> <br /> Par la suite, aux environs de 07h50, Kinshasa aurait instruit le Général Bondjuka (Commandant de la Base militaire des FARDC à Kitona) de «rétablir l’ordre ». Rapidement, des renforts ont été envoyés des bases militaires de Kitona et de Banana. Ils étaient répartis en trois unités. Chaque unité a emprunté un itinéraire différent pour accéder à la ville. Cependant, l’unité qui a emprunté la route principale vers la ville a rencontré une farouche résistance et a dû battre en retraite en tirant en l’air.<br /> <br /> Un groupe de soldats qui venait d’arriver au point de rassemblement aurait informé les autres qu’un adjudant et un élément de la PM avaient été tabassés à mort. Cette nouvelle a provoqué une violente réaction chez certains soldats qui ont perdu le contrôle et refusé d’obéir aux ordres de leur Commandant d’Unité qu’ils auraient même accusé d’être de connivence avec les partisans de BDK parce qu’il insistait sur la nécessité de battre en retraite. C’est alors que les soldats auraient commencé à tirer sur les partisans du BDK et les auraient pourchassés sur la route conduisant à l’église principale de BDK qui a fini par prendre feu et être réduite en cendres. Six personnes y compris une femme enceinte qui se trouvaient dans l’enceinte de l’église auraient été tuées par balles ou seraient mortes brûlées vives. On raconte que des grenades lancées à la main auraient aussi été utilisées par les éléments des FARDC.<br /> <br /> Après avoir maîtrisé la situation vers 13h30 minutes, des éléments de la FARDC seraient rentrés dans des domiciles privés pour voler et extorquer les biens des habitants sous prétexte de traquer des partisans de BDK. C’est dans ces circonstances qu’un homme aurait été sommairement exécuté dans sa maison. Les actes de banditisme et d’extorsion attribués aux soldats des FARDC se seraient poursuivis jusqu’à l’établissement d’une présence militaire de la Monuc dans la ville le 6 février 2007. Sept partisans de BDK, y compris le chef adjoint local de BDK, ont été arrêtés le 12 février 2007, à Yema (au Nord de Muanda, à la frontière avec l’Angola) et détenus à la Base de Kitona.<br /> <br /> Au moins 44 civils, 4 policiers et 3 soldats auraient été tués lors de ces affrontements. La plupart des victimes civiles auraient été abattues dans la zone située autour de l’église par des soldats qui, ayant perdu tout contrôle, pourchassaient les membres de BDK dans l’intention de les tuer. Ces soldats sont issus d’une unité identifiable déployée sur le théâtre des opérations.<br /> <br /> Le général Bondjuka, commandant de la Base militaire de Kitona, a promis de solliciter l’approbation de sa hiérarchie à Kinshasa avant de remettre la liste de ces soldats à la Monuc. Les personnes citées devraient être auditionnées par la Justice militaire congolaise.<br /> <br /> Les informations collectées à Songololo, indiquent que BDK avait distribué des tracts appelant à l’observation d’une journée ville morte dans le territoire de Songololo. En effet, le 1er février 2007, vers 05 heures du matin, un groupe de 21 personnes, y compris des enfants, qui seraient venus des villages Mpete et Zamba est arrivé au «kilomètre cinq » à Songololo. Ces personnes ont coupé un arbre pour barrer la route, et ont brûlé des pneus afin de bloquer la circulation sur la Route nationale numéro 1.<br /> <br /> Les manifestants auraient commis plusieurs actes de vandalisme, y compris la destruction des panneaux indiquant le siège de la police routière. Ils auraient également dispersé les commerçants locaux et les élèves qui n’avaient pas respecté le mot d’ordre de la «journée ville morte». Les FARDC, qui, selon certains témoignages, étaient dirigés par le commandant de la 2ème Région militaire, avaient reçu l’ordre de libérer la Route nationale n°1.<br /> <br /> La décision d’envoyer une équipe d‘intervention de l’armée au kilomètre cinq sans avoir préalablement tenté d’y déployer la PNC, force principalement investie de la mission de maintien de l’ordre, s’est avérée dangereuse. Selon les autorités locales et des témoins oculaires, les éléments des FARDC ont ouvert le feu sur les manifestants du BDK lorsqu’une pierre lancée par l’un d’eux a heurté le commandant. Selon les mêmes sources, l’incident a coûté la vie à huit civils et a fait cinq blessés par balle. L’ordre de tirer aurait été donné par un capitaine qui accompagnait le commandant. Tout comme à Muanda, les soldats auraient commis des actes d’extorsion et de vols à main armée. Ils ont quitté la ville le 3 février, suite à la plainte d’une personnalité locale auprès de leur commandant.<br /> <br /> A Boma, les personnes interviewées par l’équipe ont rapporté que dès le 30 janvier 2007, les autorités locales avaient noté la présence de tracts appelant à l’observation d’unejournée ville morte le 1er et 2 février 2007. Ainsi, des réunions de sécurité présidée par le maire de Boma, en présence des représentants de l’ANR, de la PNC et du 213ème Bataillon des FARDC, se sont tenues les 30 et 31 janvier 2007. Selon une source bien informée la PNC a reçu l’ordre de prendre position dans tous les lieux stratégiques de la ville.<br /> <br /> Nos interlocuteurs ont rapporté que le 1er février au petit matin, des partisans du BDK, se sont rassemblés à certains points stratégiques de Boma, ont érigé des barricades et incendié des pneus pour bloquer la circulation. Eu égard à la dégradation de la situation, vers 08h00, à la demande du commandant de district de la PNC, le commandant de la 2ème Région militaire à Matadi a autorisé l’envoi d’un peloton de 30 soldats des FARDC à l’Etat-major de la PNC de Boma.<br /> <br /> Quelques instants après, le commandant de la PNC de la commune de Kalamu, a envoyé un message radio au chef des Services spéciaux de la Police à Boma l’informant que 50 à 100 partisans de BDK, portant des armes blanches et lançant des pierres, avaient envahi le commissariat de Police. C’est ainsi que le commandant de district de la PNC a envoyé des renforts au poste de police de la commune de Kalamu.<br /> <br /> Une fois sur place, les éléments des FARDC et de la PNC ont appris la mort d’un adjudant de la PNC par des partisans de BDK. Dès lors, la tension est montée d’un cran et plusieurs consultations ont eu lieu pour déterminer le type d’action à prendre par les forces de sécurité pour punir les partisans de BDK. Par la suite, vers 12 heures, les partisans de BDK se sont regroupés pour faire une prière collective et se retirer des lieux. Ce regroupement a été interprété par les forces de l’ordre comme une attaque imminente de BDK. Des éléments FARDC auraient alors tiré sur les partisans du BDK. Ils auraient même tiré dans le dos de certains membres du BDK qui étaient à genoux. Plusieurs sources militaires et de la police, et même les commandants déployés sur le théâtre des affrontements, ont reconnu que les soldats des FARDC avaient fait un usage excessif de la force contre les partisans du BDK qui n’étaient armés que de pierres et de bâtons. 25 personnes (y compris l’adjudant) auraient été tuées au cours de cet incident.<br /> <br /> Entre-temps, au centre-ville, non loin des bureaux de la SONAS (Quartier Nzadi), au cours de discussions infructueuses entre un groupe de partisans de BDK et la PNC, un policier aurait pointé son arme sur un des membres de BDK qui l’aurait alors attaqué avec un bâton. Le policier aurait tiré à bout portant avant d’être encerclé et lynché par les partisans du BDK. Les éléments des FARDC auraient alors tiré sur les partisans de BDK. Ces affrontements ont fait quatre morts du côté des partisans du BDK.<br /> <br /> Au total, 28 civils, dont deux enfants et deux policiers, ont été tués au cours des affrontements de Boma. Les rumeurs faisant état de l’enterrement de 10 corps par des éléments des FARDC dans des endroits inconnus, se sont avérées non fondées. À la suite de ces incidents violents, 12 personnes soupçonnées d’être des partisans de BDK, ont été arrêtées et détenues au-delà du délai légal de garde à vue.<br /> <br /> Plusieurs de ces personnes présentaient des traces de mauvais traitements qui leur auraient été infligés par la PNC. Parmi ces victimes de mauvais traitements figure un mineur de 13 ans accusé par la police de soutenir BDK par des actes de sorcellerie.<br /> <br /> BILAN DES AFFRONTEMENTS<br /> <br /> Au moins 105 personnes, y compris six policiers et quatre soldats des FARDC, ont trouvé la mort dans les affrontements du Bas-Congo qui sont survenus les 31 janvier et 1er février 2007. Plus de 100 personnes ont été blessées, bien qu’il soit impossible d’établir leur nombre exact. Le nombre de morts pourrait s’avérer plus élevé, eu égard au nombre de cas de blessés en état critique admis dans les hôpitaux et cliniques de la province.<br /> <br /> Bien que dans certains cas les forces de sécurité aient probablement tiré par légitime défense, il apparaît assez clairement que la PNC et les FARDC ont fait un usage excessif de la force en tirant à balles réelles sur les partisans du BDK qui n’étaient armés que de pierres et de bâtons. La situation aurait dû être gérée par la police anti-émeute en ayant recours à des moyens non meurtriers. BDK, bien que n’étant pas un groupe armé au sens classique et juridique du terme, a fait montre d’une forte propension à la violence et aux actes criminels. Un certain nombre d’enfants ont été tués ou blessés par balles durant ces affrontements et il y a lieu de suspecter que des mineurs pourraient avoir été manipulés par le BDK. La procédure légale régissant les manifestations publiques n’a été respectée par BDK dans aucune ville où les incidents se sont déroulés.<br /> <br /> Néanmoins, l’Equipe d’enquête de la Monuc a établi que le nombre élevé de victimes a été le résultat de l’usage indiscriminé et disproportionné de la force et - dans certains cas - des exécutions sommaires par les FARDC et par la Police nationale. Les FARDC ont aussi continué à menacer, voler et extorquer la population civile après les événements, particulièrement à Muanda et à Boma, sous prétexte qu’ils recherchaient des partisans de BDK.<br /> <br /> Il est préoccupant qu’à ce jour, tandis que des poursuites ont été entamées à l’encontre de certains membres de BDK, aucun élément de la Police ni des FARDC impliqués dans ces violences n’ait fait l’objet de poursuites judiciaires. Le fait que des membres de BDK, bien qu’étant des civils, soient poursuivis devant des juridictions militaires, est également un sujet d’inquiétude.<br /> <br /> Il est aussi préoccupant que, en dépit des précédents incidents survenus au Bas-Congo (tels que les violents incidents de juin 2006 à Matadi), la PNC demeure extrêmement mal équipée pour faire face aux situations de ce genre. Le nombre de victimes aurait été moindre si la PNC avait reçu une formation et des moyens adéquats. La situation demeure très tendue et il existe toujours un fort potentiel pour que de violents incidents se reproduisent dans le Bas-Congo.<br /> <br /> RECOMMANDATIONS<br /> <br /> Les autorités judiciaires doivent identifier et traduire en justice les personnes ayant violé la loi lors de ces incidents, qu’il s’agisse des membres du BDK, des FARDC ou de la PNC.<br /> <br /> Les autorités judiciaires doivent aussi transférer devant la juridiction civile compétente le procès en appel des cinq membres du BDK condamnés à des peines de prison par le tribunal militaire de Boma.<br /> <br /> Un dialogue efficace et effectif doit être établi avec les dirigeants du mouvement BDK, afin de décourager de futurs actes de violence et traiter les tensions persistantes au Bas Congo.<br /> <br /> Le gouvernement devrait prendre des mesures urgentes, avec l’appui de la Monuc si nécessaire, pour équiper de manière adéquate la PNC, afin de faire face aux situations telles que celles survenues au Bas-Congo les 31 janvier et 1er février. Le dirigeant de BDK, Ne Muanda Nsemi, devrait s’assurer que les enfants ne sont pas endoctrinés, formés, utilisés à des fins inavouées, ni exposés au danger.
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