Affaire BDK : A quand la condamnation des militaires et politiques impliqués ?
Affaire BDK : A quand la condamnation des militaires et politiques impliqués ?
La Monuc vient de publier, il y a quelques semaines, son rapport d’enquête sur le massacre des adeptes de Bundu dia Kongo (B.D.K). Ce rapport, à la différence de celui de la commission parlementaire congolaise, a brisé le silence pesant sur la responsabilité des officiers militaires des FARDC, comme l’a fait Human Rights Watch (H.R.W) dans sa déclaration du 12 avril dernier à la commission parlementaire de la RDC enquêtant sur les événements au Bas-Congo.
Si dans son enquête H.R.W. a fait état de 106 victimes, le récent rapport de la Monuc, lui avance un chiffre de 105 morts. Il n’est pas exclu que ce chiffre soit plus élevé au vu des difficultés ayant émaillé cette enquête. Le rapport note : « … L’accès à l’hôpital a été retardé. Des éléments de FARDC étaient postés dans l’enceinte de l’hôpital et de la morgue, et n’ont pas autorisé l’équipe à faire des photos…. Au total, au moins cinq soldats de FARDC ont été postés à l’hôpital de manière permanente, et ont empêché les gens d’entrer à la morgue pour vérifier si les membres de leurs familles s’y trouvaient… » (Difficultés rencontrées au cours de l’enquête p.2)
Il ressort du résumé de faits qu’ « au moins 16 personnes auraient été tuées à Matadi (y compris un soldat) et six personnes toutes membres du BDK, seraient toujours portées disparues En effet l’équipe a confirmé la présence de 16 corps à la morgue, mais certains employés de l’hôpital ont déclaré au total 23 corps y avaient été reçus » (Résumé des faits, p.3)
Parlant des victimes, le rapport de la Monuc indique clairement qu’il y a eu des morts tant du coté des hommes en uniforme que du BDK. Et que les responsables doivent être déférés en justice pour répondre de leurs actes et éventuellement être sanctionnés.
Mais seulement depuis que le gouvernement Gizenga, muet au départ, s’en est remis à la justice congolaise pour qu’elle dise le droit, il a été constaté que seuls les adeptes de BDK, pourtant des civils, ont été traînés devant des tribunaux militaires et ont écopé des peines d’emprisonnement. Alors que les militaires et les politiques tireurs de ficelles dans l’ombre, en l’occurrence Joseph Kabila , Denis Kalume circulent en toute impunité.
Stigmatisant cette impartialité, le rapport de la Monuc rapporte en page 8 que : « L’organisation non-gouvernementale internationale Human Rights Watch, qui en avril dernier avait mené une enquête approfondie sur les incidents, a indiqué que le travail mené par la commission parlementaire constituait un dédouanement des responsabilité des forces de sécurité impliquées » Aussi convient-il de signaler comme il ressort du récent rapport de la Monuc ( p.2.) : « Le général Bondjuka commandant de la base militaire des FARDC à Kitona, avait initialement refusé de remettre à l’équipe la liste des soldats cités comme faisant partie du groupe qui avait pourchassé et exécuté des partisans du BDK dans les alentours de l’église du BDK. Il a par la suite déclaré qu’il n’avait aucune objection à remettre la liste, mais qu’une telle décision devrait être approuvée par sa hiérarchie à Kinshasa »
Si le rapport de la Monuc ne cite pas nommément et explicitement les officiers militaires impliqués, grâce à celui de H.R.W (p.7-8), nous savons qu’un certain nombre d’officiers supérieurs des FARDC doivent faire l’objet d’enquêtes visant à déterminer leur responsabilité dans les événements notamment les généraux Bonjuka Botunga (Kitona),Mbuayama Nsiona, Joseph Mukendi, le major Mbakulu, le capitaine Emmanuel Matuka Mokwele, les commandants Kota et Jean Paul Songa.. A cette énumération s’ajoute, le général Kisempia (Chef d’Etat-major général des FARDC au moment du massacre) qui avait donné les instructions à partir de Kinshasa, au téléphone, au commandant de Kitona de « rétablir l’ordre ». De qui a-t-il, à son tour, reçu l’ordre, ? Sans aucun doute de Joseph Kabila via Denis Kalume ministre de l’intérieur.
Pendant que le pouvoir continue de persécuter de mire les adeptes de BDK, au moment où Joseph Kabila, Denis kalume et leurs vassaux empêchent son leader Ne Muanda Nsemi pourtant député national élu de visiter sa base électorale et les populations d’autres localités dans le Bas-Congo, il est préoccupant comme pour reprendre une des conclusions du rapport de la Monuc : « …qu’à ce jour, tandis que des poursuites ont été entamées à l’encontre de certains membres du BDK, aucun élément de la police ni des FARDC impliqués dans ces violences n’ait fait l’objet de poursuites judiciaires. Le fait que des membres du BDK, bien qu‘étant des civils, soient poursuivis devant des juridictions militaires, est également un sujet d’inquiétude. »
Sachant que la situation demeure très tendue et qu’il existe une forte probabilité que de violents incidents se reproduisent dans le Bas-Congo comme l’a constaté la Monuc, à cela s’ajoute, le fait que récemment Ne Muanda Nsemi député national élu ait été empêché de visiter sa base électorale par des militaires des FARDC sans que ces derniers fassent l’objet de poursuites judiciaires, il y a lieu de constater que la coupe est trop pleine de frustrations dans le rang des adeptes de BDK , de la population de Bas-Congo et du peuple congolais en général.
Il est donc temps que la justice congolaise se montre indépendante et engage des poursuites judiciaires à l’encontre des soldats, officiers militaires supérieurs et autorités politiques impliqués dans ce massacre. Sinon quid de l’érection d’un Etat de Droit en RDC ? Trop, c'est trop...
Blaise B. Mantoto
Courriel : bula_mantoto@yahoo.fr