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29 novembre 2015

Vouliez-vous d'un dialogue? En voilà un, mais de piégé!

fauteuil pour un troisième mandat

J. Kabila vient d'annoncer la tenue d'un dialogue qu'il veut "inclusif". Mais, un dialogue aux contours ambigus dont il ne fixe ni la date ni le lieu de la tenue.

Quant à son objet, ce dialogue sera axé exclusivement sur les questions électorales. On le savait déjà. Mais, ici, les dialoguistes, devront réfléchir notamment aux modalités de vote peu coûteuses. C'est ce que secrète la question du financement des élections (piège). Car, selon une théorie qui obsède la kabilie depuis peu, de par son coût, la démocratie s'opposerait au développement. Une façon pour elle de relancer l'idée du scrutin indirect en ce qui concerne la présidentielle. Elle a de la suite dans les idées. Avouons-le.

Cependant, qu'on imagine les dégâts que causerait une telle modalité de vote dans un pays, comme le nôtre, gangrené par la corruption. L'élection des gouverneurs de Provinces en est un exemple, s'il en faut, autant que les votes au Parlement!

En outre, en véritable maître du jeu, Kabila entend responsabiliser les dialoguistes, dans le respect de la "souveraineté nationale", quant à l'examen des questions à inscrire à l'ordre du jour de ces assises dont le format n'est cependant pas déterminé.

Mais, à ce sujet, il n'existe aucun mystère : la nature 'inclusive" de ce forum laisse présager une sorte de fourre-tout, de panier à crabes ou de concertations bis à la merci des thuriféraires (piège). Tout le monde y sera, notamment Chaleur et cie, Kabila désir, Génération Kabila, l'opposition nationaliste, l'opposition respectueuse, l'opposition républicaine, l'opposition debout, l'opposition assise, tous les députés et sénateurs, etc.

Aussi, les résolutions "consensuelles" qui en sortiraient pourraient-elles faire l'objet d'approbation par les deux Chambres qui en tireraient des conséquences en termes de modification de la Constitution, sinon carrément de son changement (grand piège).

L'accompagnement international est envisagé de manière hypothétique au cas où les dialoguistes seraient en blocage sur certains points. Or, 55 ans après l'indépendance, les Congolais sont assez mûrs pour ne pas s'accorder. En outre, ce serait juste un facilitateur, pas un médiateur (piège).

Notons que conséquemment J. Kabila ne fait aucune mention de l'observance des délais constitutionnels. Première raison, dans son entendement il faudra nécessairement une transition politique avec partage de pouvoir, pas un simple glissement technique compréhensible à certains égards. Deuxième raison, pointe à l'horizon la perspective d'une révision substantielle ou d'un changement de Constitution, celle en vigueur très démocratique constituerait une entrave au développement qui serait le cheval de bataille du raïs.

De ce qui précède, le peuple congolais qui tient à l'alternance démocratique dans l'observance des délais constitutionnels ne devrait rien escompter de ce dialogue qui se profile.

Quant à ceux qui, de bonne foi, croyaient encore en une certaine vertu d'apaisement du processus électoral à venir par le dialogue, ils peuvent déjà enterrer leurs illusions. Car, ils n'auront pas ce dialogue-là. A ce propos, je me donne des raisons de douter que le discours de J. Kabila soit, en lettre et en esprit, conforme à la mouture dont aurait été porteur le Sénateur She Okitundu auprès du président élu pour avis préalable. Il est toutefois vrai que, comme convenu entre parties, la kabilie lui a concédé l'annonce de la tenue du dialogue dans le respect de l'ultimatum avant fin novembre 2015 pour ne pas l'humilier et donc le perdre. Une petite victoire tout de même. Mais, un de donné, cinq de repris.

Ainsi se révèlent au grand jour les convergences parallèles dont je fais état depuis des mois sur les positions des uns et des autres sur le fameux dialogue. On comprend dès lors mieux les raisons de la déclaration, il y a 48 h, des évêques de notre pays, eux qui sont dans les secrets de Dieu, laquelle déclaration sensibilise déjà le peuple sur la mise en branle, le cas échéant, du salutaire article 64 qui préconise une "rébellion constitutionnelle" et donc légitime.

Comme pour dire, enfin, que le dialogue est, certes, annoncé, mais il est piégé. Timeo danaos et dona ferentes: je crains les Grecs, quand bien même ils m'apporteraient les cadeaux! À mon sens, jamais J. Kabila aura prononcé un discours aussi subtil, intelligent et plein de non-dits comme celui de ce 28 novembre 2015. Alors, soyons vigilants!
Sam BOKOLOMBE.

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